EPISODE 5: ENGAGEMENT

Les

dramas.

Les intervenantes

Rachael

MOORE

Laurenne Makubikua

“Le collectif Susu est né en novembre 2020. C’est un collectif citoyen anticapitaliste et afroféministe bruxellois. Actuellement, elles fournissent une aide et un appui administratif aux personnes afrodescendantes en difficulté financière. Les membres du collectif ont remarqué que peu de gens osaient avouer qu’ils vivaient dans la précarité. Leur objectif est de rendre visible et de nommer cette précarité afin de mieux la contrer. Pour elles, sortir de la honte est le premier pas pour s’organiser.”  

Citation issue de l’article MarlyBn publié le 8 mars 2021 à lire >> ici.

(NB: Si tu lis cet article sur ton tel et que t’as l’impression que c’est pas très clair, c’est normal. Cet article est conçu pour être lu sur un écran d’ordinateur et j’ai pas encore pigé comment faire pour que ça passe crème sur un écran de smartphone. Sorry. On s’améliora avec le temps).

La carte blanche

La soit-disant campagne de harcèlement de la journaliste

Vous trouverez ci-dessous un échantillon des réactions en question au licenciement de Rachael par une série d militant·es noir·es belges ainsi que des réactions suites à la publication du premier communiqué. J’ai masqué les noms parce qu’une partie de ces personnes sont poursuivies en justice suite à la publication de ces postes et je ne suis pas là pour leur causer encore plus d’ennuis. Ensuite, je vous invite à chercher ce qui à l’intérieur de ces postes sont des invitations à la haine et la violence physique comme il l’a été signifié mot pour mot dans le deuxième communiqué publié par la Raibow House. (Si t’as des captures de ces soit-disant menaces, vas-y envoie. Les captures d’écran, t’as capté, j’aime ça. Et franchement, si tu en trouves, well done parce que perso, j’ai fait le tour d’internet et jusqu’à ce jouuuur, j’ai rien trouvé).

Dans les publications ci-dessus, les auteurices de ces publications analysent comment le seuil de tolérance de la société pour les erreurs potentiellement commisent par des personnes noires qui occupent une position de pouvoir frôôôôôle le niveau (du fond) de la mer. En gros. Ainsi les “échecs et autres ratés” professionnels seront plus souvent expliqués par un manque de compétences, à défaut d’une analyse approfondies des conditions de travail et des moyens à disposition de ces personnes pour mener leurs objectifs à bien. Le comportement de la Rainbow House face aux difficultés rencontrées par son désormais ex-coordinatrice ne fait pas exception et celle-ci sera accusée de tous les maux et stéréotypes imputés aux femmes noires faisant preuve d’un chouya d’assertivité: le classique angry black women, incompétente, un chouya ungrateful et définitivement aggressive. Téléphoné.

Suite à l’annonce du licenciement et la publication des communqués de presse, une opinion publique s’est formée quant aux réels motifs derrière cette fin de contrats (et oui c’est pas parce qu’elle est émise par les minorités qu’elle n’a pas de fond). Pendant ce temps, Rachael Moore devait faire face non seulement à une vie sans emploi, mais en plus à des poursuites judiciaires… La justice néerlandophone a tranché sur la question de la responsabilité de la journaliste dans le licenciement de la coordinatrice le 22 décembre 2022 (j’ai pas le document, mais si vous voulez me l’envoyer, faites vous plez), en déclarant qu’il n’y avait aucun lien de cause à effet entre le tweet reproduit ci-dessus et la décision du CA de la Rainbow House - un truc du style. (Ahah). Ok, then.

PETIT RAPPEL DU COLLECTIF SUSU CI-DESSOUS:

Instrumentalisation powaaaaa

I disagree, mais si vous avez écouté l’épisode, vous l’aurez compris. Mes petites Gabi en cheffes, sans rancunes.

Comme quoi, y’a moyen de battre Sisyphe, mais faut rester concentré·es.

La presse qui s’en mêle…

Petite bibliographie des torchons écrits dans la presse au sujet des signataires dans les jours qui ont suivi la publication de la carte blanche (les articles ont bien pris le soin de reproduire les rumeurs de menaces fantômes, en mode au taquet). Quand on y réfléchit, c’est quand même rigolo de voir Valeur actuelle accourir à la rescousse d’une journaliste “connue pour ses reportages portant sur les inégalités” quand l’antiracisme est reporté au sein de leurs ligne comme étant “un projet de destruction social”. Au nom de quelle dissonance cognitive tout cela est-il possible? (ahah):

  • https://www.marianne.net/societe/trop-blanche-pour-interviewer-angela-davis-une-journaliste-belge-sous-protection-policiere

  • https://www.lefigaro.fr/culture/trop-blanche-pour-interviewer-angela-davis-une-journaliste-belge-sous-protection-policiere-20220428

  • https://www.valeursactuelles.com/societe/parce-que-non-noire-une-journaliste-belge-placee-sous-protection-policiere-lors-dun-entretien-avec-angela-davis

  • https://www.7sur7.be/belgique/jugee-trop-blanche-pour-interviewer-angela-davis-icone-des-droits-civiques-une-journaliste-de-la-rtbf-a-ete-la-cible-de-menaces~aa2cc070/?referrer=https%3A%2F%2Fwww.google.com%2F

  • https://www.lapresse.ca/arts/chroniques/2022-04-29/trop-blanche-pour-interviewer-angela-davis.php#

  • https://www.reddit.com/r/france/comments/udnj48/trop_blanche_pour_interviewer_angela_davis_une/?rdt=61448

POURTANT exprimer son mécontentement quant au choix d’une modération, ce n’est pas que le passe-temps de militant·es noir·es qui-ne-sont-pas-foutu-d’avoir-une-once-de-recul. Le 13 septembre 2023, Mona Chollet, une journaliste et essayiste connue pour ses travaux sur le féminisme est invitée pour une rencontre à BOZAR, Bruxelles. La modération est assurée par le journaliste Pascal Claude. Visiblement, la performance de ce-dernier n’a pas rencontré les attentes du public, constitué majoritairement de lectrices plus que prête de poser un regard critique et féministe sur le déroulement de la soirée. Le lendemain, des dizaines de publications attestant de leur colère et déception sont partagées sur facebook, et le problème est directement adressé par mail auprès de l’institution. Ce par quoi cette dernière a trouvé l’énergie de répondre calmement sans trouver le besoin de se prendre la tête, ni d’appeler la police, ou encore entamer des poursuites. Y’a même au des accusés de réception de plaintes et suivis d’échanges de politesse, certes creuses, mais il n’était pas question de commencer à pourrir le casier judiciaire de toute les personnes qui ont réagi.

Alors on va encore dire que je compare des pommes et des poires parce qu’on est dans un cas de réaction et non d’anticipation. Comme ci on ne pouvait pas faire confiance à nos tripes quand on s’est fait berné plus d’une fois…

Moi, je trouve la lecture de ces deux event en vis-à-vis plutôt intéressante. Ca donne l’impression que la colère de féministes blanches passe un peu plus crème que celles d’antiracistes noir·es. Deux poids, deux mesures comme on dit.

Voilà, je m’arrête ici. Vous savez où nous trouver. Donc si vous avez un truc à redire cette fois, avant d’aller voir la police ou pleurer auprès de votre politicien préféré, peut-être envoyez nous un petit mail ? Quant à celleux qui à l’époque n’ont absolument rien dit, ou en ont trop dit j’espère que vous n’êtes pas fièr·es de vous.

On est en décembre 2023, et on en a toujours pas fini avec cette histoire. Suite à de multiples rebondissements, les personnes noires et militantes à Bruxelles qui ont été impliquées dans cette histoire sont pas mal divisées, pour des raisons qui leurs appartiennent, sur lesquelles j’ai évidemment un avis, mais y’a pas à en débattre ici.

Mais je suis ok pour en parler avec toute personne concernée par l’affaire ou qui a un truc malin à rajouter.

Comme je disais, vous savez où me trouver.

Le seum heureux.

 
 
 
 

Petite note sur la qualité du son de cet épisode qui n’est pas toujours top, mais qui a été enregistré en partie dans ma salle de bain alors que j’étais au bout de ma vie. Lise Bouchez a fait ce qu’elle pouvait avec ce que je lui ai donné comme matos et franchement, c’était pas un cadeau. Alors, svp, accrochez-vous.

ENSUITE, entre 44:44 et 47:18, y’a un gros SPOILER sur l’anime Attaque des titans (saison 3 ou 4, jsais plus). Comme ça vous êtes prévenus.

C’est parti pour les références de l’épisode:

Le tweet ou l’origine du seum.

La réaction de la journaliste en question envoyée à un collègue de Rachael suite à la publication du tweet. Genre action-réaction.

Dans quel but ? On ne le saura jamais mais dans les mois qui suivent, il se passe ceci…

Puis en décembre, ceci tombe:

Arrive le mois de janvier et la réaction de l’institution aux réactions des militant·es noires qui étaient un peu vénères suite au licenciement de Rachael.

Et une semaine après, une petite modif… ahah.

Master class de la fragilité qui a un bon réseau dans 3, 2, 1

Avant de passer à la suite, j’aimerais que vous preniez deux minutes pour vous rappeler les dernières sept semaines que nous venons de vivre (nous sommes ajd le 1er décembre 2023) et la mise au jour de la campagne de désinformation de l’état d’Israël soutenue par la presse mainstream pour cacher la répression des palestiniens.

J’en parle ici, parce que ça a été l’occasion pour un tas de personnes de prendre la mesure de la manipulation de la presse et de toute forme d’autorité par des personnes qui concentrent assez de pouvoir entre leurs petites mains pour faire taire un groupe oppressé/minorisé qui ose l’ouvrir un peu trop pour dénoncer des abus.

Soooo, maintenant, la deuxième étape de prise de conscience consiste à appliquer ce petit stratagème à tous les niveaux de société et enfin CAPTER que du coup quand on est une femme noire qui s’oppose à ses supérieures au sein du monde blanc, ben on va sortir les grands moyens pour la remettre à sa place.

Dans ce cas de figure, c’est passé par l’intimidation (via des poursuites judiciaires et le harcèlement dans la presse de militant·es noires), la diffusion de fausses rumeurs sur les actions supposément posées par les personnes qui ont exprimé leur soutien à Rachael Moore en ligne, l’appel à des soutiens publics ayant une certaine forme d’autorité (la presse, des universitaires, des figures polituques, des artistes reconnus, des collectifs “militants”), et enfin l’instrumentalisation de personnes noires pour se donner une bonne image. Voilà.

Aloooooors… Vous nous croyez maintenant ?

Parce que suite à la publication de notre carte blanche en avril 2021, ben, on avait plutôt eu droit à ce type de réactions (et j’avoue que je ne décolère pas).

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